Décédé en septembre 2003.

Peintre autodidacte.

Fils d’un courtier en bestiaux.

Sur l’insistance de son père, suit cette voie qui ne lui apporte aucun épanouissement personnel. Se consacre à l’art et s’édifie en fréquentant les galeries, en se nourrissant de monographies et autres ouvrages d’art.

Passionné par les antiquités et plus particulièrement les arts asiatiques, il devient un expert que même les professionnels consultent.

Le carton d’invitation  d’une rétrospective organisée en son honneur à la Galerie du théâtre d’Esch en novembre 2003 nous renseigne sur sa personnalité :

« Un artiste autodidacte, ironique, mélancolique, qui n’avait pas le courage et la force de vivre ses propres inspirations et pourtant, il savait transmettre ses idées aux autres sans vouloir les réaliser lui-même.

Un homme remarquable, doté d’une sensibilité exceptionnelle.

En un mot, JOHN BLAU ! ».

La critique d’art Nathalie Becker décrit John Blau comme « figure mal connue de la création artistique luxembourgeoise ».

Son appréciation de l’artiste :

 « Durant plus d’une décennie, l’artiste a utilisé la peinture comme un exutoire, comme un moyen de fixer sur la toile, son tréfonds, ses peurs, son fatalisme et son spleen avec une dérision, une ironie et une sensualité percutantes.

John Blau, avec une palette proche de celle de fauves ou de certains membres du ‘Blauer Reiter’ comme Franz Marc, avec son vocabulaire puissant aux accents expressionnistes, livrait avec la fougue de son geste dansant, virevoltant comme en transe, sa fantasmagorie et aussi et surtout son obsession de la mort. Vanitas, vanitatis omnia est vanitas, l’artiste avait une conscience palpable de sa propre fin. Il s’en amusait. Ses démons étaient ceux de la nuit, ‘ses visiteurs de la nuit’, comme il les appelait, ceux-là même,  qu’il a représenté sur certaines  toiles,  dans une danse, une gigue macabre. Des créatures farouches, cyclopéennes, lesquelles le hantaient.

La peinture eut sur John Blau un effet analytique, psychanalytique, lui donna le courage de regarder les spectres et l’ombre de  la mort droit dans les yeux, et, ainsi d’expirer dans la plus grande des sérénités, accompagné jusqu’au bout par sa sœur et son ami.

Cependant, il ne faudrait pas seulement retenir de l’œuvre de John Blau, cet aspect mélancolique et angoissé. L’artiste aimait la vie, en aimait surtout son ironie, sa dérision.

 

Sans doute, dans un vain espoir et désir d’une once d’immortalité, il s’est souvent représenté sur ses toiles, de manière anthropomorphe ou bien animale. (…)

L’œuvre toute entière de John Blau est une invitation à pénétrer dans un monde onirique, empreint d’une conscience de la vie et de la mort étonnante, d’une volonté d’en percer les mystères, par le biais d’une inspiration teintée de prémonition.

Entre le ciel et l’enfer, voilà où se situe la création de l’artiste. Duelle, elle confronte les couleurs lumineuses, un bestiaire drolatique à des apparitions fantomatiques.

Lorsque John Blau s’exprimait dans un vocabulaire abstrait, c’était par le biais d’une économie formelle d’une grande pureté, emplie d’un caractère japonisant, très zen.

Là, l’élévation ondulatoire de la composition devient dans ces œuvres,  de nouveau le symbole de cette aspiration vers le haut, vers l’au-delà, vers une autre dimension, un autre monde qui est condensé dans la production de l’artiste. (…). »

 (extraits d’une critique de Nathalie Becker publiée au Luxemburger Wort sous le titre « La peinture comme nécessité » en novembre 2003)

L’introduction de Mme Nathalie Becker lors du vernissage de l’exposition, le 16/07/2013: