Regard sur…Claire Mannes

| News

Subrepticement

« Les blancs des papiers »

Mon intérêt se porte sur ce qui semble indécelable : revoir de plus près des objets qui nous semblent triviaux, travailler avec des substances qui nous semblent évidentes. En espérant découvrir un nouvel espace par l’agrandissement, j’aspire, en le redessinant, à une réinterprétation de l’invisible tangible.

Le travail consiste en la traduction de la matérialité du papier. Partant d’une collection de chute de papier aléatoire trouvée dans la rue, je ne peux pas considérer mon travail comme archiviste. La raison pour laquelle j’ai décidé de récupérer et de ne plus acheter du papier, comme tout au début, est très simple : utiliser ce qui ne semble valoir rien.

L’existence de mes dessins dépend des outils externes, comme des loupes et des microscopes, que j’utilise pour pouvoir enquêter sur la surface du papier. Il s’agit donc de l’agrandissement d’une réalité. Le processus de travail se déroule d’une façon contrôlée et rationnel, et qui semble rejeter toute sorte d’imagination, cependant est-ce vraiment possible ? Le choix d’utiliser un médium précis inclut  l’imagination : même si je m’efforce à redonner exactement ce que je vois, la présence d’un instrument intermédiaire entraine une perte d’information. Il s’agit en quelque sorte d’un récit sur le macro: les dessins finis invitent à une interrogation sur la perception. Les dessins présentent à la fois une profondeur et en même temps une superficie. L’idée de la spatialité, du lointain et du proche est fort présente dans mes dessins.

Mon but est de pouvoir détacher la matérialité de son objet, afin que le spectateur puisse se lancer sans préjugé dans la matière.